Disons le clairement, Minima est une critique de la société actuelle et de sa folie des grandeurs. Créer des œuvres d’art miniatures (hauteur de 10 cm maximum) comme celles que nous exposons, faire le minimum en art, c’est mettre en accusation l’idée d’une course au gigantisme à laquelle participent les principaux acteurs de l’art actuel. Cette course effrénée vers la grandeur, à qui fait le plus grand, le plus cher et le plus fort induit des comportements délétères en matière de politique financière, de politique culturelle et artistique et tout cela nous désespère.
Avec l’exposition MINIMA 2019 , le Mini Musée se propose d’explorer la fascination singulière qu’exerce l’objet réduit à l’heure où 8 œuvres sur dix de créées sont des œuvres monumentales, très onéreuses. Alors que la miniaturisation des objets du quotidien (GSM, ordinateurs…) peut provenir de la nécessité de la réduction des coûts, du temps et de l’espace, la création en miniature artistique elle est intentionnelle. Sa petitesse insolente révèle dans le contexte économico-culturel actuel, quelques-unes des pathologies du système économique dans lesquelles la miniature s’origine et auquel elle répond. En ce sens la miniature est un révélateur et un indicateur.
Des œuvres et des musées géants
Ainsi nous voyons partout, des musées tous plus grands les uns que les autres, des œuvres très chères qui engloutissent l’argent du contribuable, des politiques culturelles et artistiques qui doivent investir des sommes considérables pour le compte de leurs responsables, afin de se donner des airs de « bancables ». Le jeu de dupe de la folie des gratte-ciels et des plus hautes tours que nous connaissions dans les années 60, s’est transposé dans la sphère de l’art et des musées. Ce nouveau lieu représente le terrain de jeu idéal où l’on montre sa puissance financière. Un lieu où le gigantisme des infrastructures nécessite des œuvres monumentales, achetées par des organismes, sans aucune concertation, à des prix faramineux. Est-ce cela que nous voulons de l’art ? Est-ce l’art que nous attendons ? Nous ne le pensons pas. Au contraire nous pensons que l’art ne peut être utilisé comme une arme, il ne doit asservir personne. Nous croyons que l’art doit retrouver un sens supérieur à celui qu’on veut nous imposer et qu’il doit être réalisé à la mesure des humains et pour les humains.
Le « Groupe Minima »
Le Groupe Minima créé en 2017, dont la devise est « Faire le minimum », est un groupe international d’artistes contemporains, qui explorent au travers de leurs créations artistiques singulières et de leurs propres sensibilités, le rapport des hommes et des femmes à notre société actuelle. Par leur art miniature, ils questionnent les interactions qui en découlent, sur le plan des préoccupations essentielles et éthiques des enjeux portés au cœur de l’avenir.
Dans une époque matérialiste, tournée vers la consommation de produits culturels de masse, le groupe Minima s’est formé autour d’un manifeste de valeurs communes : le « Minimum Manifeste ». Ces valeurs, partagées et portées par les artistes contemporains de ce groupe, représentent le socle commun de l’intérêt qu’ils trouvent dans leurs recherches artistiques dans le domaine de la miniature contemporaine.
Ont contribué au Groupe Minima les artistes suivants : François WERLEN, Adeline DUCELIER, Françoise GACON, Caty FERRON, Jean-Pierre SANCHEZ, Grégory PAMADOU, Françoise Di FRANCO, Maurice ERASME, THESEE, Marie-Christine NOEL, Florentina SENES-GRIGORIE, Gérard SENES, Michel FACON, MORN, Angélique SCHMITT, Sophie SCYEUR, Jérôme BLANQUET, Jean-Louis BAUNE, NONOKO, Florence DAVOULT, Gil de BASSAN, Rénald ZAPATA, Guy REYDELLET, Jean-Pierre VIGNEAU, MYR, Jean-Michel GNIDZAZ, Anne-Phillomène ROLLIN, Eric DEMELIS, GARYINDY, Werner BRAUN, Céleste MELLAC, Viviane BERTY, Bernard BEP…
Que les artistes qui ont permis de mettre en place cette exposition, soient amplement remerciés. Que l’acuité critique avec laquelle ils développent leur pensée visuelle puisse être rendue manifeste dans cette exposition.
A propos de la miniature contemporaine
La miniature contemporaine a du « sex appeal », c’est un art à part entière, qui se présente sous la forme de peintures, de sculptures, de photos, d’objets et d’installations artistiques. Les dimensions des formats miniatures commencent à partir de 2 cm, en dessous de 2 cm, l’œuvre devient difficilement lisible. Les formats miniatures ne doivent pas dépasser 10 cm de hauteur, car à partir de 11 cm, c’est du petit format standard.
Il n’est pas inutile de rappeler, dans le cas de la miniature artistique, que l’impact d’une idée véhiculée par une œuvre n’est pas proportionnel à sa taille, à sa durée, ou à son poids. En effet, les œuvres de grandes taille ne possèdent pas le monopole des « grandes idées ».
©Grégory Pamadou, Commissaire de l’exposition.